
Clara, la Tomate astronaute : chronique d'un voyage cosmique 🪐
🌌 Suivez l'incroyable odyssée de Clara, envoyée dans l'espace par la NASA en 1984. Entre mutations cosmiques, découvertes scientifiques et agriculture spatiale, découvrez comment une petite graine peut semer les rêves d'un futur interplanétaire. 🍅✨
Sélectionnée avec soin par les chercheurs de la NASA, cette petite graine de tomate ordinaire est sur le point d’embarquer pour une mission extraordinaire afin de répondre à une question fondamentale :
la vie végétale peut-elle survivre aux rigueurs du cosmos ?

Une tomate en orbite
Nous sommes en avril 1984. La navette spatiale Challenger s’apprête à décoller. À bord, Clara n’a pas le luxe de contempler la Terre depuis un hublot : elle est enfermée avec 12,5 millions de graines dans le Long Duration Exposure Facility (LDEF). Ce laboratoire est conçu pour demeurer en orbite, dans le but d'évaluer la résistance des matériaux et des organismes vivants aux conditions extraterrestres.
Prévue pour durer dix mois, la mission s'étire sur près de six ans, exposant Clara et ses compagnes à des situations extrêmes : rayonnement cosmique intense, variations thermiques brutales et absence totale d'atmosphère protectrice.
Lorsqu’en janvier 1990, la navette Columbia récupère enfin le LDEF, une incertitude plane : les graines ont-elles survécu ?
Le retour sur Terre : mutation ou résilience ?
De retour sur le plancher des vaches, Clara rejoint un projet éducatif de grande ampleur : le programme SEEDS (Space Exposed Experiment Developed for Students). L'objectif : distribuer les semences voyageuses à des écoles et des laboratoires éducatifs pour voir comment elles vont réagir une fois plantées sur Terre.
Des milliers de kits sont assemblés. Ils contiennent des graines de tomates Rutgers ayant séjourné dans l’espace et des graines témoins restées au sol. La consigne aux étudiants est simple : les cultiver côte à côte et observer les différences.
Les résultats sont fascinants :
- Les graines spatiales germent aussi bien que les graines terrestres, malgré des années d'exposition aux conditions extraordinaires de l'espace.
- Certaines plantes présentent des anomalies : feuilles déformées, tiges épaissies, fleurs aux structures inhabituelles. Les radiations cosmiques ont-elles induit des mutations ?
- Les tomates issues de ces plants affichent des différences de forme, de taille et de couleur. Certaines sont plus petites, d'autres montrent des teintes inédites.
L’agriculture spatiale : un pied (de tomate) dans le futur
Cette expérience ouvre la voie à de nouvelles interrogations scientifiques : les mutations spatiales pourraient-elles être bénéfiques pour une agriculture adaptée aux autres planètes ? Les scientifiques explorent quelques idées : la sélection de variétés plus compactes pour les serres orbitales ; la modification des cycles de croissance pour accélérer la production ; ou l’optimisation des réponses au stress pour supporter les radiations et la microgravité.
Les différentes agences spatiales envisagent sérieusement la possibilité de cultiver des tomates (génétiquement modifiées) au soleil*, de la Lune ou de Mars.
En attendant, depuis Clara et le projet SEEDS, de multiples expérimentations ont été menées en apesanteur. Sur la Station Spatiale Internationale, les astronautes jardinent des légumes frais, comme des laitues ou des feuilles de moutarde. Ils doivent leur pouce vert à l’hydroponie, qui permet de cultiver les plantes sans terre, et aux systèmes d'éclairage DEL, adaptés précisément aux besoins des végétaux.

De SEEDS à Tomatosphère : un héritage en expansion
Petit aparté :
Dans le sillon de SEEDS, le programme Tomatosphère voit le jour en 2001, poursuivant cette captivante expérience. Des milliers de classes au Canada et aux États-Unis reçoivent chaque année des semences ayant séjourné dans l’espace.
Ces graines suivent le même parcours que Clara et ses consœurs :préparées sur Terre, elles montent à bord d’une fusée et s’envolent vers la Station Spatiale Internationale, où elles flottent pendant plusieurs semaines. Là-haut, elles sont elles aussi confrontées à la micropesanteur, aux rayons cosmiques et aux températures extrêmes, défiant toutes les limites du vivant, tel qu’on le connaît. Une fois revenues sur Terre, elles sont réparties dans des kits pédagogiques envoyés aux écoles participantes.
En 2019, c’est l’astronaute canadien David Saint-Jacques lui-même qui a accompagné ces graines durant leur séjour. Son engagement a certainement inspiré les jeunes étudiants, les incitant à regarder vers les étoiles et à rêver plus grand. Même Minecraft Education est de la partie, et permet d'initier les jeunes à l'agriculture extraterrestre avec le jeu Aventure Tomatosphère.
Il est facile d’imaginer l’impact durable que ces premiers contacts avec les méthodes d’observation et d’analyse scientifiques ont sur les élèves. En cultivant ces graines spatiales dans leurs salles de classe, ils ressentent l’excitation et l’émerveillement propres aux grandes explorations. Nombreux sont sans doute ceux et celles pour qui c’est le début d'une passion, pour les sciences, l’espace ou l’agriculture.

Clara, une pionnière malgré elle 🔭
Petite graine parmi tant d’autres, Clara est bien la pionnière de notre récit. Son voyage symbolise la fascinante capacité du vivant à s'adapter. Peut-être que demain, sur Mars ou ailleurs, des descendants de Clara pousseront sous des serres extraterrestres, nourrissant une colonie humaine à des millions de kilomètres de leur planète d’origine…
Pour l’instant, son histoire nous rappelle que, parmi les étoiles ou dans une salle de classe, même les plus petites graines peuvent semer les plus grands rêves. 🍅 ⭐️
* Référence à la Complainte de la serveuse automate, paroles de Luc Plamondon, musique Michel Berger
🪐 Récit inspiré de réelles expériences menées par la NASA, par le projet SEEDS et le programme Tomatosphère.